Violence en ligne : Comment protéger vos enfants ?

Phénomène montant dans les cours de récréation, le visionnage de scènes ultra-violentes (torture, décapitations, scènes de guerilla et de guerre…) concernerait aujourd’hui 25% des 11-18 ans*. Sur des canaux de messageries sécurisées accessibles par le bouche-à-oreille (Reddit, Telegram ou Discord) ou tout simplement en accès libre sur des réseaux sociaux comme X (ancien Twitter), les ados se mettent au défi de regarder des images extrêmement traumatisantes : membres de cartels de drogue torturant un adversaire, terroristes en pleine attaque, tortionnaires assassinant des condamnés. Par cette pratique, ils testent leurs limites, se livrant à ce rituel préoccupant…
Si l’équipement en smartphone rime avec sécurité pour beaucoup de parents (enfant localisable, joignable à tout moment, plus autonome…), la réalité des usages de nos enfants contredit cette idée reçue. Les téléphones connectés à Internet favorisent la circulation de ces images utilisées comme des armes de propagande ou des trophées de chasse. Or à l’adolescence, la pression du groupe joue un rôle clé dans l’exposition à ces contenus : il est difficile pour la plupart des enfants et des adolescents de s’opposer à la majorité et de refuser de suivre un phénomène de mode, même s’il est très nocif.
Enfin, la curiosité et le voyeurisme (comme dans le cas des accidents de la route) peuvent l’empêcher de détourner son regard face à une scène de violence.
Quels sont les risques ?
Au même titre que le visionnage de scènes sexuelles et pornographiques sans y être préparé, ces images choquantes et d’une extrême cruauté peuvent avoir des conséquences sur le développement émotionnel et psychologique de votre enfant et influencer négativement sa perception du monde.
De plus, une exposition répétée et prolongée à ces contenus violents peut conduire à une banalisation de la violence, à la reproduction de réflexes agressifs ou à des troubles du comportement.
Les plateformes mettent en place des filtres pour protéger les mineurs et elles s’engagent à supprimer tout contenu violent mais ces barrières ne sont pas toujours suffisantes.
Que faire en tant que parent ?
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Sensibiliser et éduquer :
Parlez de ce phénomène avec votre enfant et prévenez-le des conséquences pour lui. Montrez-lui que vous êtes au courant et encouragez-le à vous en parler s'il rencontre un contenu qui le dérange.
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Être vigilant :
Tous les enfants ne se confient pas volontiers. Soyez à l’écoute de votre enfant pour repérer tout signe de traumatisme lié à l'exposition à des contenus choquants. Ces signes peuvent se manifester par des perturbations du sommeil, de l'anxiété, des réactions émotionnelles intenses ou des pensées négatives persistantes.
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Rappeler la loi :
Il est essentiel de rappeler que la diffusion de ces contenus est strictement interdite et punie par la loi. Apprenez-lui l'importance de signaler les contenus violents lorsqu'il en rencontre, que ce soit sur les réseaux sociaux, les jeux en ligne ou tout autre plateforme. En signalant ces contenus, il contribue à rendre Internet plus sûr pour eux-mêmes et pour les autres.
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Filtrer les contenus choquants :
Configurez les paramètres de contrôle parental sur les réseaux sociaux de votre enfant pour le protéger des contenus violents qui peuvent circuler. Consultez notre article Pourquoi paramétrer les réseaux sociaux avec vos ados ? - Internet Sans Crainte pour découvrir toutes les étapes nécessaires de configuration.
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Sécuriser l’écran de votre enfant :
Qu’il s’agisse d’une tablette ou d'un smartphone, configurez le contrôle parental sur tous les appareils connectés de votre enfant en utilisant les outils de protection présents par défaut sur les tablettes et les téléphones tels que Google Family Link sur Androïd ou le Contrôle Parental d’Apple.
Vous pourrez bloquer ou autoriser certaines applications, gérer l’accès à certaines catégories de site web et définir des limites de temps d'écran.
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Encourager l’affirmation de soi et la capacité à dire “non” :
Apprenez à votre enfant à dire “non”, même face à la pression du groupe, pour l’aider à développer sa personnalité, ses émotions et ses valeurs personnelles. En renforçant cette compétence dès le plus jeune âge, vous l’aiderez à naviguer en ligne de manière plus autonome et responsable, tout en préservant son intégrité physique et psychologique.
*D’après une enquête de la Dilcrah et Génération Numérique réalisée en ligne du 01/09/2023 au 24/01/2024 auprès de 8719 jeunes de 11 à 18 ans.